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03/09/2015

Les partis et l'Eglise catholique

Alain Duhamel manque (une fois de plus) l'occasion de se taire :


Ce matin Alain Duhamel éditorialise une fois de plus*. Ce personnage est un donneur de leçons : mais donner des leçons est le métier des éditorialistes et ne le récusons pas comme font les bobos ; aujourd'hui traiter quelqu'un de « donneur de leçons » revient à lui reprocher d'avoir un avis différent du vôtre, chose pourtant naturelle – ou plutôt, qui était naturelle avant la pandémie du relativisme diffusé par l'empire ultralibéral... (Dans la société de marché toutes les postures sont commercialisables, donc aucune ne doit être ostracisée).

On ne reprochera donc pas à Duhamel de donner des leçons, mais de les donner fausses, et d'être l'homme qui s'est le plus souvent trompé depuis trente ans. Dans les premières années 2000 il aspergeait de mépris ceux qui osaient distinguer entre la finance et l'économie réelle ; peu après survenait la crise financière de 2008 qui allait bousiller l'économie réelle... et qui aurait dû réduire au silence Duhamel et les neuf dixièmes des économistes, qui comme lui n'avaient rien vu venir. Mais non : ils n'ont pas quitté le perchoir, d'où ils continuent à dire que Coco est content.

Pourquoi parler d'Alain Duhamel ce matin ? Parce qu'il améliore sa technique. Dans son article de Libé, il ne se trompe plus explicitement : il ne se trompe qu'entre les lignes, ce qui est plus prudent. 

L'article s'intitule Petits arrangements de l'Eglise de France, et traite (c'était inévitable) de la présence de Marion Maréchal Le Pen parmi les quatre invités politiques de l'université d'été du diocèse de Toulon à la Sainte-Baume.

Dans ce que cet article dit d'explicite, Duhamel ne se trompe pas beaucoup. On lui accordera qu'inviter une star du FN est une première dans l'Eglise française, et que celle-ci (au moins dans le Var) a invité MMLP non par « adhésion » mais par « résignation ».*

Là où Duhamel se trompe entre les lignes, c'est – justement – dans la leçon qu'il croit pouvoir donner. Voici le paragraphe scabreux :

« [Le principal collaborateur de Mgr Rey] ne veut pas porter de jugement sur le FN avec cet argument commode : le FN n'est pas un parti catholique, mais les autres non plus. Même statut, même traitement. D'où l'invitation. Tout cela est évidemment parfaitement hypocrite... »

En quoi le raisonnement du P. Guitton – c'est lui que Duhamel injurie sans le nommer – serait-il « évidemment parfaitement hypocrite » ?

Duhamel ne nous le dit pas. Mais pour lui, de toute évidence quoique entre les lignes, le PS ou l'ex-UMP sont plus catho-compatibles que le FN.

Duhamel, au faîte de sa très longue carrière, ne connaît donc pas mieux l'Eglise catholique qu'au début.

S'il avait eu la curiosité de lire La joie de l'Evangile, Laudato Si et le discours de Santa-Cruz, il saurait ce que l'Eglise, en la personne de son pape, pense de la classe politique contemporaine inféodée à la finance ; et il saurait que cette inféodation est, aux yeux de l'Eglise en la personne de son pape, gravissime.

C'est d'ailleurs ce qu'ont laissé entendre plusieurs des questions posées aux invités de la Sainte-Baume par les organisateurs (voir notre note du 30/08).

Le P. Guitton a donc « évidemment parfaitement » le droit de dire les autres partis ne sont pas plus catholiques que le FN ; et Duhamel a manqué, une fois de plus, l'occasion de se taire.

 

______________

* Si l'on fait un « débat entre les partis » dans le Var où le FN fait 40 %, ne pas convoquer le FN serait évidemment une absurdité... La vraie question est : faut-il faire des « débats entre les partis » ? Où est l'intérêt ? Ne vaudrait-il pas mieux faire avancer la réflexion et la prise de conscience des catholiques dans la direction subversive indiquée par le pape François ? Les évêques vont en discuter dans les mois qui viennent

 

12:59 Publié dans Idées, Politique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : politique

Commentaires

BONNES QUESTIONS

> Mgr Dominique Rey invite au débat une élue FN parmi d’autres élus d’autres partis… Bref, il fait miséricorde à la classe politique – invitation ne valant évidemment pas absolution – et ça donne tout ce pataquès ?
Au moins, Marion Marchal Le Pen et ses collègues auront entendu poser quelques bonnes questions, à défaut de savoir y répondre…
Pourquoi bâillonner tel ou tel ? Tant qu’il y a parole, témoignage, échange d’arguments, il y a de l’espoir, il y a de la vie… contre toutes les Polices de la pensée.
Je me demande ce que vont dire les petits marquis de l’info à propos de la décision du Pape concernant le pardon du péché d’avortement. C’est vrai, quoi, toutes ces personnes, médecins et parents, qu’on pourrait dire du parti des « lapeinistes » (de « la peine » de mort pour l’enfant à naître), qui sont invités à délivrer leur fardeau. Ces hommes et ces femmes que l’Eglise veut envelopper dans le grand manteau de la Miséricorde divine, c’est insupportable !
A ce propos, il va bien se trouver quelques groupuscules d’énervés type « Femen », « 343 salauds » ou « preux de l’info laïque et républicaine » pour protester contre le Divin Paternel et son Vicaire.
Pour ma part, je me réjouis. J’estime que ces initiatives de Mgr Rey et du Pape François peuvent être comparées et qu’elles font un bien immense à l’Eglise – et au monde que celle-ci est chargée d’évangéliser.
L’évêque de Fréjus-Toulon, conseillé par son presbyterium, et le Saint-Père dans sa charge de Vicaire du Christ lient et délient, comme le Christ leur en a donné mission, pour le salut du monde. Qu’ils en soit bénis !
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Écrit par : Denis / | 03/09/2015

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